Biographie d'Eugène Turpin


Naissance à Paris le 30 septembre 1848

Jean François Turpin et Eugénie Malvina Stambroeck, qui demeuraient au 28 rue St Martin à Paris (VIIème arrondissement), donnèrent naissance le 30 septembre 1848 à Eugène François Turpin, connu comme le découvreur de la mélinite.

En parallèle à des études de médecine, il suivra des cours du soir au Conservatoire des Arts et Métiers.


Mobilisé durant la guerre de 1870

Il est mobilisé à la déclaration de la guerre de 1870, à l'âge de 22 ans. Ce passage par l'armée et la défaite de l'armée française sera le déclic pour la suite de sa carrière.


Une carrière de chimiste

Après la guerre de 1870, on le découvre fabricant de jouets en caoutchouc à Colombes, au 14 rue Hoche.



C'est en cherchant le moyen de colorer ces objets qu'il est amené à manipuler l'acide picrique, connu comme explosif. Il met une méthode au point qui permet de le stabiliser et ce sera le début d'une nouvelle orientation de ses recherches.



Première récompense : le prix Monthyon

Une preuve de la qualité des travaux qu'il poursuit en autodidacte, c'est l'obtention du prix Monthyon, dans la série scientifique, en 1877. Jean-Baptiste de Montyon avait fondé trois prix, tous trois appelés prix Montyon. Les deux premiers sont décernés par l'Académie française : le premier sous la dénomination de prix de vertu, était remis à des personnes méritantes, le second, prix pour l'ouvrage littéraire le plus utile aux mœurs, fut remis pour la première fois en 1782. Le troisième est un prix scientifique remis par l'Académie des sciences.

A noter de nombreux médecins dans la liste des lauréats, comme Louis Landouzy et Jules Déjerine (1886), Charles Nicolle (1909) et même plus près de nous Jacques Monod (1955).



Un laboratoire à Colombes

A cette époque il habite au 66 rue de Charonne à Paris, mais il doit chercher une lieu plus propice à ses expériences. Il  retourne à Colombes, ayant trouvé un laboratoire à l'arrière de la parfumerie Guerlain, au 18 rue de la Menelotte. Les usines Guerlain quitteront Colombes en 1894.


Eugène Turpin mets ses compétences au service du Ministère de la Guerre en travaillant à la réalisation de cartes topographiques en caoutchouc. Mais c'est en 1885 qu'il parvient à stabiliser la mélinite. On donna ce nom au dérivé de l'acide picrique, qui avait la couleur du miel, afin de ne pas ébruiter la découverte.


Un brevet pour le chargement de la mélinite

Afin de faire reconnaître ses droits Turpin tente de déposer un brevet, en 1887. Mais l'état lui refusera tel qu'il le revendiquait, considérant que des travaux antérieurs avaient déjà mis en évidence les propriétés explosives de l'acide picrique, mais lui reconnaissant toutefois des droits sur la méthode de chargement utilisée.


Décoré de la Légion d'Honneur

Turpin reçut 250 000 Francs pour son invention, mais dût renoncer à toute réclamation au sujet de l'emploi fait de l'acide picrique par l'Administration de la Guerre. Il est décoré de la Légion d'Honneur.



Emprisonné à Etampes (1892-1893)

Eugène Turpin fut injustement emprisonné, accusé à tort d'avoir vendu son invention à des pays étrangers. Il fut incarcéré à la prison d'Etampes, pendant un an jusqu'au 10 avril 1893. Finalement libéré, grâce notamment à une campagne d'opinion, il put reprendre ses activités et y fut même encouragé ! 





Gracié, libéré et réhabilité




La reprise des travaux

Eugène Turpin fit en outre breveter plusieurs autres série d’explosif : les Panclastites (explosifs binaires mélangés au moment de l’emploi d’un combustible (sulfure de carbone, essence minérale, nitrobenzène) et du peroxyde d’azote liquide), les Pyrodialites, les poudres chloratées.



Un procès contre Jules Verne en 1896

Eugène Turpin découvrant que le personnage du savant fou, dans le roman de Jules Verne, présente beaucoup trop de similitudes avec lui-même, intentera un procès à l'écrivain et à son éditeur.


La première guerre mondiale


Eugène Turpin qui a connu le désastre de la guerre de 1870, à laquelle il a participé à l'âge de 22 ans, voit dans ce premier conflit mondial l'importance de ses découvertes.

Une adresse aux Sables d'Olonne




Une fin de vie paisible à Pontoise



Ces images extraites d'un film tourné à la fin de la vie d'Eugène Turpin, nous montre un personnage truculent ... ce qu'on est loin d'imaginer quand on connaît les péripéties de sa vie.



Plusieurs clichés de cette époque nous dévoile un personnage respectable, une image qu'il souhaiterait faire passer à la postérité.


Une série de photos prises dans son bureau ou à sa table de travail devant un microscope sont manifestement très étudiées avec le souhait de véhiculer une image de respectabilité.



Ces deux autres clichés, également pris dans son pavillon de Pontoise, montre un cadre. Celui-ci revêt une importance toute particulière car la photo rappelle le prix Monthyon obtenu à ses débuts. L'occasion pour Eugène Turpin d'expliquer les aléas de sa carrière d'inventeur balançant entre les récompenses et les humiliations. 




Le pavillon de Pontoise, dernière habitation d'Eugène Turpin. La façade avant (ci-dessus) et la façade arrière (ci-dessous).



D'autres clichés pris dans le jardin du pavillon de Pontoise, le sont en compagnie de son épouse ou seul sur un banc, avec là aussi le désir de montrer une certaine sérénité en fin de vie.





Dans cet article publié dans une revue espagnole, il est décrit comme " Le nouveau génie du mal ". Une illustration le montre donnant à manger à ses poules ... on sait que par dérision et certainement désabusé il s'amusait à leur jeter de la poudre noire, comme on le découvre également dans une séquence filmée.



Son décès le 23 janvier 1927

Eugène Turpin décède, le 23 janvier 1927, à 17 heures. A l'approche de ses 80 ans, il est emporté par des complications pulmonaires suite à une hémorragie cérébrale. 

Il existe deux photos de sa dépouille sur son lit mortuaire, dans son pavillon de Pontoise, quai du Pothuis, au bord de l'Oise.






Sa tombe est au cimetière de Pontoise, porte les mentions de son grade dans la Légion d'Honneur et son titre de gloire " Inventeur de la Mélinite ".