La photographie ci-dessous est prise à Sevran, commune plus communément
appelée aujourd'hui Sevran-Livry, petite ville de l'ancien département de Seine
et Oise, aujourd'hui ville importante du département de Seine-Saint-Denis.
En 1914, une poudrerie très importante existait à Sevran et un
organisme tout aussi important y possèdait un champ de tir, il s'agissait du Laboratoire
Central de la Marine qui y expérimentait les poudres utilisées par la Marine et
les explosifs. La poudrerie de Sevran fournissait de nombreuses poudres en usage
dans l'Armée de Terre et la Marine.
En 1916, ont eu lieu à Sevran des expériences d'explosions de
différents explosifs et de poudres destinées à :
-mener des études sur l'onde de choc et de ses effets
mécaniques au voisinage du centre d'ébranlement.
-étudier les zones de dégâts.
-étudier la transmission de la détonation à distance et ses
conséquences notamment en ce qui concerne le stockage des explosifs.
-étudier l'efficacité des protections.
-étudier la forme et les dimensions des entonnoirs.
-accessoirement, ces études permirent aussi d'approfondir la
connaissance de l'acoustique des détonations et de l'existence des zones de
silence.
Ce cliché, parmi toute une série, montre l'effet de la
détonation de 250 kg de mélinite en caisses, simplement posées sur le sol
composé de "marne argileuse sans cailloux ni rochers, dite marne de
Saint-Ouen".
Pour résumer, l'entonnoir produit est faible (6 mètres de
diamètre sur 3 m de profondeur), la vitesse de projection des débris est de
2500 m/s et l'onde de choc est de 7000 m/s et encore de 5000 m/s à 10 mètres de
distance pour diminuer ensuite.
On imagine l'effet dans une cavité souterraine (mine) ou en
mer (car l'étude prend en compte ces paramètres).
Cet essai de 1916 est encore un essai en "faible"
dimension, les études continueront en 1919 à Tahure (!) avec une explosion de
49.000 kg de mélinite et encore à La Courtine en 1924 avec des charges de
l'ordre de 10.000 kg de mélinite.Ces derniers essais bénéficient des progrès
réalisés pendant la guerre dans la qualité des appareils de mesure. Les photographies montrent
alors des boules de feu et des colonnes de poussières dont les dimensions sont
véritablement annonciatrices de guerres encore plus dures à venir...
La poudrière de Sevran en 1888, document de l'association de pyrotechnie et patrimoine poudrier.