A l'arsenal de Belfort, le 10 mars 1887, lors du chargement d’obus avec de la mélinite l’un d’eux explose, provoquant la mort de plusieurs artilleurs.
Ce terrible accident jette un doute sur la
stabilité de la mélinite. C'est effectivement lorsqu'un groupe d’artificiers s’est employé à
charger en mélinite d’anciens obus en fonte qu’une explosion se produit,
tuant neuf hommes et en blessant grièvement huit autres.
La cause de cet
accident est heureusement décelée très vite.
Avant de les charger, on a lavé l’intérieur des obus, qui ont contenu
auparavant de la poudre noire, avec de la potasse. Les traces de potasse, qui
subsistent, se sont combinées avec l’acide picrique pour donner un picrate (les
sels de l’acide picrique) très instable.
Un article paraît dans le journal L'Impartial le dimanche 13 mars 1887
Frontière française, La catastrophe de Belfort
Belfort, 12 mars 1887
L'émotion causée par la terrible catastrophe du 10 mars n'est pas encore calmée. L'autorité militaire se livre à une enquête qui établira les responsabilités.
C'est pendant le chargement des obus à la mélinite que l'explosion a eu lieu. Le chef artificier avait devant lui un de ces obus qu'un artificier avait rempli de la substance détonante. Cet obus qui était posé à terre a pris feu sans cause apparente ou du moins connue.
Il y a actuellement neuf morts sur les huit blessés qui reste deux seulement offrent quelque espoir.
Deux des artificiers tués étaient littéralement en morceaux, on ne les a reconnu qu'à leur numéro matricule.
Le ministre de la guerre a prescrit au général commandant le septième corps de se rendre immédiatement à Belfort, de porter au neuvième bataillon de forteresse l'assurance que le ministère viendra en aide aux familles des victimes et que le sort des blessés sera l'objet de toute sa sollicitude.
Un officier d'ordonnances de Monsieur le ministre de la guerre est parti hier soir pour Belfort.
L'enterrement des victimes aura lieu aujourd'hui samedi. De nombreuses souscriptions se sont spontanément ouvertes en ville pour l'achat de couronnes destinées à orner les cercueil de ces victimes du devoir.
Érigé au cimetière des mobiles, ce monument, moins connu que
les pyramides de grès rose, est destiné a rappeler la mémoire des victimes de
la catastrophe de l’arsenal de Belfort survenue le 10 mars 1887. À la suite de ce drame, l’ensemble des officiers de la
garnison offre une journée de solde pour l’érection d’un monument commémoratif.
On s’empresse d’interdire un semblable lavage et les tirs
d’essai, qui sont ensuite effectués au polygone de Calais du 10 septembre au 13
septembre de la même année, ne donnent lieu à aucun incident.
La cause de la mélinite est ainsi gagnée, mais les
artilleurs, comme les sapeurs, veulent en connaître davantage sur les effets
des obus-torpilles et réclament deux autres séries d’expériences qui ont lieu
au fort de Saint-Cyr à la fin de l’année 1887 et au camp de Châlons dans les
premiers mois de l’année 1888.