Le fort de Malmaison bâti en 1878 fait parti du système de défense du général Séré de Rivières. Il connaîtra un sort particulier en servant de test pour le nouvel explosif découvert par Eugène Turpin.
Ce fort dit de seconde ligne, doit d’une part protéger la place forte de Laon avec ses voisins de Condé-sur-Aisne et Lasnicourt, mais aussi interdire l’accès à la vallée de l’Ailette et à Soissons, et par conséquent la marche sur Paris de possibles envahisseurs germaniques.
Détruit avant d’avoir joué son rôle de défense !
Les forces françaises disposent donc d’un nouveau type d’obus, bien plus performant que les précédents. Il en est de même pour les allemands dont les chimistes ont mis au point dès 1881, un nouvel obus utilisant un mélange brisant connus sous le nom d’helhoffite. Il était donc essentiel de pouvoir tester le pouvoir de destruction de ce nouveau types d’engins communément appelés "obus-torpilles" sur les ouvrages de défense de type Séré de Rivières.
Le choix se porta sur le fort de la Malmaison, situé sur la commune de Chavignon (les rapports de tirs de l’époque mentionnent le terme Expériences de Chavignon).
Une première série de tests fut réalisée visant à étudier l’effet des impacts d’obus dans la courtine centrale de la caserne. Des pétards à la mélinite furent ensuite placés sur le flanc ouest du fort. Enfin, entre le 11 août et le 25 octobre 1886 deux batteries (155 et 210 mm) placées au sud du chemin des dames pilonnèrent le fort. En un peu plus d’un mois, environ 170 obus furent tirés sur la place forte. Les résultats furent sans appel ; les obus de 155 mm transperçaient sans problème maçonnerie de 0,8 m surmontée de 2 mètres de terre. Quant aux dégâts occasionnés par les obus de 210 mm, ils étaient considérables, comme comme en témoigne la poudrière souterraine éventrée par un coup au but ... Les superstructures mêmes du fort étaient mises à mal ! Les expériences de Chavignon furent poursuivies jusqu’au printemps 1887 au polygone de tir de Bourges.
Le système de défense français était devenu obsolète avant d’avoir été utilisé.
En replaçant les conclusions de ces essais destructeur dans un contexte tendu de fin du XIXe siècle, et à la lumière du fait que les allemands, en plus de l’helhoffite et du coton-poudre, utilisaient la mélinite
Le fort de la Malmaison ne fut bien entendu pas restauré, au contraire, il fut à nouveau le cobaye des militaires en 1894, avant d’être déclassé et mis en vente en 1912.
Ainsi, le fort de la Malmaison, sacrifié avant même qu’il ait pu jouer son rôle de défense aura au moins permis de mettre au jour l’obsolescence du système défensif français au travers de ce qui a été appelé la crise de l’obus-torpille.